La pathologie cutanée TDP-43 comme biomarqueur candidat pour prédire la sclérose latérale amyotrophique plusieurs décennies avant l’apparition des symptômes moteurs
Dans cet article préliminaire, des chercheurs britanniques ont découvert que les signes de la SLA peuvent apparaître dans d’autres parties du corps bien avant l’apparition des premiers symptômes musculaires. En examinant des échantillons prélevés sur des personnes qui ont plus tard développé la SLA, les chercheurs ont constaté une activité protéique anormale (impliquant spécifiquement la protéine TDP-43*) dans plusieurs organes, notamment les muscles et les ganglions lymphatiques, avec des niveaux particulièrement élevés dans la peau. Les zones les plus touchées étaient les glandes sudoripares et sébacées, en particulier au niveau du dos et des épaules. Ces modifications des protéines de la peau ont été détectées jusqu’à vingt-six ans avant le diagnostic.
Cette découverte est importante parce que la peau est facile à examiner grâce à une simple biopsie. Si ces changements peuvent être détectés de manière sûre, ils pourraient servir de biomarqueurs diagnostiques pour la SLA et aider les médecins à diagnostiquer la SLA beaucoup plus tôt, peut-être même avant l’apparition des symptômes. Les auteurs soulignent que cette découverte est similaire à la manière dont les tests cutanés ont permis de détecter la maladie de Parkinson. Bien qu’il s’agisse d’une découverte passionnante, des travaux supplémentaires sont nécessaires pour confirmer ces résultats, notamment pour déterminer si la TDP-43 est détectée dans ces tissus chez les personnes qui n’ont pas développé la SLA.
En 2015, un chercheur canadien, le Dr François Gros-Louis, a découvert une agrégation de la TDP-43 dans des modèles cutanés provenant de personnes atteintes de SLA, mais cela n’avait jamais été étudié chez des individus avant l’apparition des symptômes.
* La TDP-43 est une protéine dont les niveaux et la fonction normaux sont perturbés dans la plupart des cas de SLA, même dans les cas où il n’y a pas de variante génétique dans le gène TARDPB.
Panel de biomarqueurs candidats prédictifs de la sclérose latérale amyotrophique basé sur la protéomique plasmatique
Dans une autre étude récente, des chercheurs ont exploré le potentiel des protéines sanguines en tant que biomarqueurs diagnostiques de la SLA. Ils ont analysé plus de 2 000 protéines dans le plasma sanguin de 231 personnes atteintes de SLA, 170 personnes atteintes d’autres troubles neurologiques et 214 personnes en bonne santé. L’étude a identifié 33 protéines plasmatiques dont les niveaux étaient significativement différents chez les personnes atteintes de SLA. Parmi celles-ci, le neurofilament à chaîne légère (NfL) présentait la différence la plus prononcée, renforçant ainsi sa reconnaissance croissante en tant que biomarqueur prometteur pour la SLA.
Une analyse plus approfondie de ces protéines dans des données indépendantes provenant de personnes atteintes de SLA, y compris des individus présentant des variants génétiques C9orf72 qui sont atteints de SLA et qui ne présentent encore aucun symptôme, a permis de confirmer 16 nouvelles protéines qui peuvent être étudiées plus en détail, parallèlement aux NfL, en tant que biomarqueurs potentiellement importants à utiliser dans la détection clinique et l’étude de la maladie.
En utilisant l’apprentissage automatique pour analyser ces données sanguines, les chercheurs ont pu distinguer les personnes atteintes de SLA des personnes témoins avec une précision supérieure à 98 %. Le modèle d’apprentissage automatique a également exploré la possibilité d’estimer l’âge d’apparition clinique de la SLA. De plus, d’après les données, les auteurs suggèrent qu’un dysfonctionnement précoce de l’énergie, des muscles et de la signalisation nerveuse peut se produire jusqu’à dix ans avant l’apparition des symptômes.
Ces résultats sont importants parce qu’ils offrent la possibilité d’un diagnostic plus précoce à l’aide d’analyses sanguines, au lieu de tests plus invasifs comme le prélèvement de liquide céphalo-rachidien (LCR). Il faut encore faire des recherches pour valider ces résultats, mais ils ouvrent plusieurs nouvelles voies à explorer pour comprendre la biologie de la SLA avant l’apparition des symptômes.